Engagement politique : Déclaration conjointe
Les risques psychosociaux sont de plus en plus reconnus comme l’un des enjeux de sécurité et de santé au travail dans le secteur de l’éducation. Même avant la pandémie de COVID-19, les enseignants, les universitaires, les responsables scolaires et le personnel de soutien éducatif à travers l’Europe faisaient face à un large éventail de risques professionnels, notamment la charge de travail, le manque de personnel et les comportements perturbateurs des élèves. La pandémie a eu un impact significatif sur ces défis, amplifiant les risques psychosociaux existants et accélérant les changements structurels tels que la numérisation, la complexité sociale accrue dans les classes et une exposition accrue au stress lié au travail.
S’appuyant sur leur coopération de longue date en matière de santé et sécurité au travail, le Comité européen syndical pour l’éducation (ETUCE) et la Fédération européenne des employeurs de l’éducation (EFEE), en tant que partenaires sociaux sectoriels européens en éducation, ont conjointement développé la projet de dialogue social APRES COVID(2023–2025). Cette initiative, cofinancée par l’Union européenne, visait à évaluer l’impact à long terme de la pandémie sur les risques psychosociaux dans l’éducation et à promouvoir une reprise équitable, durable et axée sur l’éducation. Grâce au dialogue social, à la recherche conjointe et au renforcement des capacités, le projet a renforcé la compréhension des partenaires sociaux de l’éducation sur les risques psychosociaux dans l’éducation et a réaffirmé notre responsabilité commune de les traiter par des mesures efficaces et préventives.
À travers les études de cas et l’enquête, l’étude du projet a mis en lumière les développements positifs liés à la mise en œuvre des outils numériques, favorisé des pratiques innovantes dans l’enseignement et l’apprentissage et renforcé le sentiment communautaire. Parallèlement, le projet a également mis en lumière une intensification du psychosocial dans le secteur de l’éducation, avec des impacts durables au-delà de la pandémie. Les éducateurs à travers l’Europe ont rapporté une exposition accrue aux risques psychosociaux, qui affectent leur bien-être professionnel et leur engagement professionnel. Si la transition rapide a contribué à l’émergence du technostress et à la nécessité d’assurer le droit à la déconnexion, elle a également conduit à des améliorations durables des compétences numériques et à de nouveaux modes de collaboration et de communication.
Les syndicats comme les employeurs reconnaissent que ces expériences apportent des leçons importantes. D’une part, le secteur peut s’appuyer positivement sur l’héritage de l’innovation numérique, du renforcement de la collaboration et de l’amélioration de l’accès aux ressources, qui continuent de bénéficier à l’enseignement et à l’apprentissage. D’autre part, les défis systémiques, notamment les pénuries de personnel, la baisse de l’attractivité de la profession et les difficultés à maintenir l’équilibre vie professionnelle/vie privée, doivent être abordés afin de prévenir et de gérer les préjudices potentiels et d’assurer le recrutement et la rétention. Plus important encore, le projet a réaffirmé que le bien-être du personnel éducatif est directement lié à la qualité de l’enseignement et aux résultats des élèves. Les enseignants et le personnel qui se sentent soutenus sont mieux placés pour favoriser des environnements d’apprentissage de qualité et inclusifs. Cela souligne la responsabilité partagée des employeurs et des syndicats de placer le bien-être professionnel au cœur des systèmes éducatifs, soutenus par un dialogue social fort et continu.
S’appuyant sur les résultats du projet COVID d’APRES, ETUCE et EFEE s’engagent conjointement à :
- Promouvoir la diffusion des Lignes directrices européennes révisées sur la prévention et la gestion des risques psychosociaux dans l’éducation (2025) aux niveaux national, régional et local, notamment en rationalisant leur promotion en structures de dialogue social continu et intégrées aux projets existants de sécurité et de santé au travail.
- Prioriser des actions conjointes concrètes pour favoriser la mise en œuvre des Lignes directrices révisées ainsi que d’autres outils conjoints pertinents développés en synergie avec le projet COVID APRES, tels que les outils OiRA pour les secteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que les Lignes directrices européennes multisectorielles sur la violence et le harcèlement de tiers.
- Renforcer la coopération avec les membres nationaux en appelant les syndicats de l’éducation et les organisations patronales à travers l’Europe à s’adapter activement et à appliquer les résultats du projet COVID APRES à leurs contextes, assurant ainsi un impact significatif aux niveaux local et institutionnel.
- Poursuivre les efforts conjoints pour la prévention des risques psychosociaux dans l’éducation, notamment en recherchant des opportunités de financement et en établissant de nouveaux partenariats avec les acteurs concernés au niveau européen.
- Favoriser une culture de prévention et de respect dans l’éducation, où les risques psychosociaux sont systématiquement évalués et traités, et où le bien-être du personnel est reconnu comme central à la qualité, à l’inclusivité et à la durabilité des systèmes éducatifs.